La quarantaine est une stratégie pour contenir les maladies infectieuses; elle est différente de l’isolement
La quarantaine permet de mettre à l’écart, pendant la période d’incubation, des personnes en bonne santé et asymptomatiques qui ont été exposées à une maladie infectieuse, afin d’en limiter la propagation1,2. En revanche, l’isolement consiste à séparer les patients atteints d’une infection active de personnes en bonne santé n’ayant pas été exposées au virus, afin de prévenir la transmission. Le premier ministre canadien Justin Trudeau, qui a été exposé et qui est asymptomatique, s’est mis volontairement en quarantaine, tandis que son épouse, Sophie Grégoire Trudeau, qui a contracté la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), est en isolement.
La quarantaine met à l’écart les personnes qui ont été exposées à une maladie contagieuse et restreint leurs déplacements
La mise en quarantaine peut être imposée à une personne, un groupe ou une région géographique en cas d’éclosion. La mise en quarantaine peut être une mesure de contrôle efficace lorsque la maladie génère beaucoup de cas secondaires malgré l’isolement des personnes symptomatiques2.
La mise en quarantaine ne date pas d’hier, et elle a été employée lors des récentes éclosions de SRAS et de COVID-19
La mise en quarantaine, du mot italien « quarantino », fait référence à la période de 40 jours d’isolement imposée aux voyageurs et aux marchandises dans les ports pour contrôler la peste (ou mort noire) au XIVe siècle3. Lors de l’éclosion de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) à Toronto en 2003, plus de 15 000 personnes exposées au virus se sont mises en quarantaine volontaire à la maison4,5. À l’heure actuelle, des efforts soutenus de mise en quarantaine sont appliqués à l’échelle mondiale pour lutter contre la pandémie de COVID-191.
Les quarantaines peuvent être obligatoires en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine canadienne
Cette loi date des années 1870 et a été mise à jour en 2005 après l’éclosion de SRAS5. Elle a permis au ministre fédéral de la Santé de promulguer des mesures allant du dépistage à la mise en quarantaine obligatoire aux frontières canadiennes. La loi a été utilisée en 2020 pour mettre en quarantaine, dans des établissements à cette fin, des centaines de Canadiennes et de Canadiens qui ont été rapatriés de Wuhan et qui étaient susceptibles d’avoir contracté la COVID-19. Le refus de s’y conformer peut exposer les personnes récalcitrantes à des amendes, voire à des peines d’emprisonnement6.
Même si elles sont justifiées, les quarantaines peuvent bouleverser la vie des gens
La mise en quarantaine peut avoir des répercussions psychologiques néfastes. Certaines personnes mises en quarantaine à Toronto durant l’éclosion de SRAS ont en effet présenté des symptômes de syndrome de stress post-traumatique et de dépression1,2; pour d’autres, la quarantaine cause de graves problèmes financiers et entraîne la stigmatisation1. Le respect de la quarantaine est plus facile si les personnes touchées ont accès à des ressources, si les canaux de communication restent ouverts et si elles reçoivent une forme de soutien psychosocial1,4.
Footnotes
Balado du CMAJ : Entrevue avec les auteurs (en anglais): https://soundcloud.com/cmajpodcasts/200393-five
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.200393
Intérêts concurrents : Aucun déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.