Un homme asthmatique de 28 ans a consulté aux services des urgences le lundi 16 mars 2020, pour malaise thoracique, toux sèche et dyspnée, malgré l’utilisation d’un inhalateur de salbutamol. Il ne présentait aucun antécédent de voyage ou de contact. Il a mentionné avoir fait de la fièvre pendant 3 à 5 jours, avoir présenté des myalgies et des arthralgies, et avoir pris de l’acétaminophène. L’examen physique a révélé des bruits respiratoires basilaires normaux et quelques sibilances éparses. Ses signes vitaux étaient stables (36,8 °C, saturation de l’oxygène périphérique [SpO2] 100 %, fréquence cardiaque de 85 pulsations par minute et tension artérielle à 130/79 mm Hg). Ses analyses sanguines étaient normales, sauf la protéine C réactive (32 [normale < 11] mg/L) et les lymphocytes (0,4 [normale 1,5–4] × 103 cellules/μL).
La tomodensitométrie (TDM) thoracique (figure 1) a révélé les signes typiques de la pneumonie causée par la COVID-19 (maladie à coronavirus 2019), selon le récent énoncé consensuel des experts de la Radiology Society of North America sur les signes de la COVID-19 à la TDM thoracique, notamment : opacités en verre dépoli bilatérales périphériques arrondies et zones de consolidation périphérique1. Le diagnostic radiologique différentiel incluait pneumonie bilatérale due à un agent pathogène typique ou atypique, toxicité médicamenteuse ou pneumonie en voie d’installation.
Le frottis naso-pharyngé, prélevé aux services des urgences immédiatement après la TDM, s’est par la suite révélé positif à l’égard de la COVID-19 au test RT-PCR (transcription inverse-réaction en chaîne de la polymérase, Seegene Allplex 2019-nCoV Assay), qui détecte les gènes encodant l’ARN-polymérase dépendante de l’ARN (RdRp), l’enveloppe et la nucléocapside. Le patient a été hospitalisé en médecine générale. On lui a administré de l’oseltamivir et il s’est entièrement rétabli sans devoir être admis aux soins intensifs.
Il n’est pas recommandé de procéder d’emblée à un dépistage diagnostique par TDM pour la COVID-19 en raison des coûts, de la précarité des ressources et du risque de propagation propre à une pandémie2. Mais la TDM peut être utilisée pour accélérer les soins chez des patients symptomatiques dont le frottis est négatif ou en attente de résultats, et chez ceux dont la fonction respiratoire se détériore ou qui développent des complications telles que l’empyème ou un syndrome de détresse respiratoire aigu. Selon une récente étude sur 601 patients, la TDM thoracique serait sensible à 97 %, mais spécifique à 25 % seulement, comparativement au test RT-PCR3, qui est sensible et spécifique (95 %–97 %)4. Ce cas canadien met en lumière les caractéristiques de la COVID-19 à l’imagerie, ce qui concorde avec l’expérience internationale5.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.200431
Intérêts concurrents: Aucun déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Les auteurs ont obtenu le consentement du patient.