Préparez-vous à l’extérieur de la chambre du patient : Attribuez leur rôle aux membres de l’équipe, vérifiez l’équipement et revoyez la stratégie d’intubation
Selon l’état du patient, limitez le nombre de membres de l’équipe présents dans la chambre et établissez une boucle de communication avec une personne à l’extérieur qui sera responsable de faire passer les fournitures et les médicaments supplémentaires. La personne chargée de l’intubation doit avoir suffisamment d’expérience pour réussir plus de 85 % de ses intubations endotrachéales à la première tentative1. La stratégie d’intubation inclut : préoxygénation, positionnement du patient, intubation endotrachéale en tant que telle et plan clair d’oxygénation/réanimation d’urgence2. Utilisez une liste de vérification pour confirmer l’équipement et les médicaments disponibles dans la chambre ou à la porte de la chambre. Assemblez tout le matériel requis pour l’intubation dans une boîte ou un sac à cette fin (annexe 1, accessible en anglais ici : www.cmaj.ca/lookup/suppl/doi:10.1503/cmaj.200650/-/DC1). L’état des patients atteints de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) est « physiologiquement complexe »2. Renseignez-vous à l’avance sur le statut de réanimation du patient et vérifiez qu’un chariot de réanimation est disponible2.
Revêtez l’équipement de protection individuelle (EPI) et procédez à une vérification mutuelle entre membres de l’équipe3
Lors de l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère, les médecins qui ont réalisé des intubations endotrachéales ont contracté l’infection 6 fois plus que leurs collègues4. L’intubation endotrachéale est une intervention médicale de haut risque qui génère des aérosols et requiert un EPI en conséquence, y compris un masque respirateur N95 ou l’équivalent3. Rappelez-vous que les sons peuvent être assourdis et la communication plus difficile après qu’on ait revêtu l’EPI3.
La vidéolaryngoscopie pourrait être plus utile que la laryngoscopie directe
Avec la vidéolaryngoscopie, les personnes expérimentées obtiennent un taux de réussite élevé à la première tentative. Un grand écran séparé permet à toute l’équipe de voir la laryngoscopie tout en restant à bonne distance des voies respiratoires5.
Durant l’intubation : Prévoyez un risque de désaturation rapide et les mesures d’urgence connexes
Utilisez les protocoles locaux en vigueur pour l’intubation. Surélevez la tête du patient à 30° et préoxygénez-le. La kétamine pourrait maintenir la stabilité cardiovasculaire comparativement à d’autres agents d’induction2. Il faut avoir à portée de main des inotropes et des vasopresseurs. Utilisez du rocuronium à dose élevée (1,2–1,5 mg/kg) et assurez-vous que le blocage neuromusculaire est complet avant de tenter l’intubation endotrachéale2. En raison de la génération d’aérosols, évitez la ventilation par ballon-masque, malgré la désaturation2,4. Utilisez un tube endotrachéal avec mandrin et évitez la bougie d’Eschmann (mandrin long béquillé) afin de réduire les risques de contamination. Après l’intubation, placez un filtre antiviral sur le tube endotrachéal et gonflez le ballonnet pour prévenir toute fuite lors d’une ventilation à pression positive2. La courbe de capnographie est extrêmement utile pour confirmer l’intubation endotrachéale, le retour de la circulation spontanée après un arrêt cardiaque ou le débranchement du circuit2. Si le circuit est débranché, il faut clamper le tube endotrachéal2. Deux situations d’urgence peuvent survenir : l’incapacité d’intuber et d’oxygéner et l’arrêt cardiaque. L’oxygénation d’urgence inclut la pose d’un dispositif supraglottique et l’intubation par cricothyrotomie à l’aide d’un scalpel-mandrin long béquillé 6.0.
Le retrait de l’EPI comporte un risque élevé d’autocontamination
Il est difficile de détecter l’autocontamination3. Utilisez une liste de vérification pour retirer l’EPI, lisez à voix haute chaque étape et retirez l’EPI en suivant les étapes devant un observateur3. Il faut minimiser les interruptions pendant ce processus.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.200650
Références: Voir www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.200650
Intérêts concurrents: Laura Duggan est cofondatrice de The Airway App (www.airwaycollaboration.org/), une application pour téléphone intelligent qui collige l’issue des intubations, y compris dans les cas de COVID-19. Gregory Bryson est rédacteur en chef adjoint du Journal canadien d’anesthésie, pour lequel il reçoit un soutien de la Société canadienne des anesthésiologistes. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.