Chez 20 % à 55 % des patients hospitalisés pour la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), les analyses de laboratoire montrent des signes de coagulopathie
La coagulopathie est en corrélation avec la gravité de la COVID-19 et pourrait inclure des concentrations élevées de d-dimères (≥ 2 fois la limite supérieure de la normale), un temps de prothrombine légèrement prolongé (~ 1–3 s par rapport à la normale), une légère thrombocytopénie (numération plaquettaire > 100 ×109/L) et, plus tard au cours de la maladie, une baisse des taux de fibrinogène (< 2 g/L [5,88 μmol/L])1–3. On ignore si la coagulopathie observée est causée directement par le virus ou si elle est secondaire à un état pro-inflammatoire.
Une concentration élevée de d-dimères est associée à un pronostic sombre
On ignore comment utiliser spécifiquement les taux de d-dimères pour les soins cliniques, mais leur hausse au moment de l’hospitalisation et tout au long du séjour hospitalier est associée à la mortalité1,2 et un taux de d-dimères 4 fois plus élevé que la normale est associé à un risque environ 5 fois plus grand de maladie grave comparativement à un taux normal (www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.08.20057794v1.full.pdf).
La coagulopathie associée à la COVID-19 semble prothrombotique
Dans 2 études rétrospectives, on a diagnostiqué la thromboembolie veineuse chez environ le quart des patients hospitalisés aux soins intensifs pour COVID-194,5. Lors d’une étude, la thromboembolie s’est manifestée en dépit de l’administration d’une thromboprophylaxie par héparine de bas poids moléculaire5. Les études disponibles n’ont pas mentionné les saignements comme complications fréquentes, mais la littérature scientifique évolue rapidement2,4,5.
En l’absence de contre-indications, les patients hospitalisés devraient recevoir une thromboprophylaxie de routine
La thromboprophylaxie pour prévenir la thromboembolie veineuse est recommandée chez la plupart des patients hospitalisés, surtout chez ceux qui présentent un état pro-inflammatoire. Dans une étude rétrospective, chez les patients qui avaient un taux de d-dimères 6 fois plus élevé que la normale et qui ont reçu une thromboprophylaxie par héparine (principalement par énoxaparine à 40–60 mg/j), le taux de mortalité a été moins élevé que chez ceux qui n’ont pas reçu de thromboprophylaxie6.
La transfusion de produits sanguins est à éviter chez les patients qui ne présentent pas d’hémorragie active
La transfusion dans le seul but de corriger les paramètres hémostatiques pourrait être nuisible (p. ex., risque de réaction transfusionnelle), indépendamment du fait que le patient souffre ou non de COVID-19. Les patients qui sont en hémorragie majeure active devraient recevoir les transfusions appropriées, conformément aux protocoles locaux en vigueur.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.200685
Intérêts concurrents: Michael Fralick est co-investigateur et Michelle Sholzberg est investigatrice principale d’un essai clinique sur des patients présentant une coagulopathie associée à la COVID-19. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.