On observe des lésions cardiaques chez environ le quart des patients atteints de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) hospitalisés
De 8 % à 28 % des patients hospitalisés présentent des lésions myocardiques, des taux de troponines qui dépassent le 99e centile de la limite supérieure de la normale (LSN), résultat d’une atteinte myocardique indirecte (p. ex., hypoxémie, septicémie ou libération de cytokines) ou directe1,2. Les taux sont plus élevés chez les patients des unités de soins intensifs1,2. Une élévation progressive des troponines et des peptides natriurétiques a été observée et semble proportionnelle à l’intensité de la maladie, avec des pics qui sont atteints 2 à 3 semaines après le déclenchement des symptômes (annexe 1, disponible en anglais au www.cmaj.ca/lookup/suppl/doi:10.1503/cmaj.200562/-/DC1)2,3.
Les biomarqueurs cardiaques sont utiles à la stratification du risque
Chez les patients hospitalisés, la vérification périodique des taux de troponines et de peptides natriurétiques permet de cibler les patients exposés à un risque accru de dysfonction ventriculaire gauche ou d’arythmie. Si les taux sont élevés, envisager un suivi plus étroit des patients et une échographie cardiaque au lieu d’intervention en cas d’élévation modérée (> 3 fois la LSN) ou d’instabilité hémodynamique et/ou électrique2.
L’infarctus du myocarde (IM) peut survenir sans coronaropathie obstructive
Les patients peuvent présenter un IM causé par un apport en oxygène insuffisant par rapport à la demande ou par une thrombose microvasculaire. La myocardite peut prendre les allures d’un syndrome coronarien aigu; les patients sont alors exposés à un risque accru de choc cardiogénique2. Pour les patients qui présentent des douleurs rétrosternales réfractaires ou récurrentes, une élévation modérée des taux de troponines ou des anomalies électrocardiographiques focalisées, envisager une échographie cardiaque au lieu d’intervention pour vérifier s’il y a présence de dysfonction ventriculaire gauche, et une coronarographie par tomodensitométrie pour écarter un diagnostic de coronaropathie2,4.
Le traitement doit cibler les causes spécifiques de l’atteinte myocardique
Traiter l’insuffisance cardiaque, l’IM avec sus-décalage du segment ST et la dysfonction ventriculaire gauche chez un patient atteint de COVID-19 conformément aux protocoles établis en revêtant l’équipement de protection individuelle approprié, y compris les traitements médicaux préconisés par les lignes directrices. Toute investigation hémodynamique invasive se limitera aux patients dont il est impossible d’évaluer le statut volémique sur une base clinique2. On dispose de peu de données sur la prise en charge de la myocardite fulminante et le cas échéant, les décisions thérapeutiques devraient être prises par des équipes multidisciplinaires1,2. Les patients qui prennent des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine1,2 et des bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine II ne doivent pas cesser leurs traitements5.
Les complications cardiaques sont associées à un pronostic sombre
Jusqu’à 40 % des décès associés à la COVID-19 pourraient, du moins en partie, être attribués à l’insuffisance cardiaque2. Chez les patients hospitalisés qui développent une insuffisance cardiaque, les taux de mortalité pourraient atteindre 60 %3. On observe de la tachycardie ou de la fibrillation ventriculaire soutenue chez jusqu’à 17 % des patients qui présentent une atteinte cardiaque et elles sont plus fréquentes chez les patients de soins intensifs2.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.200562
Intérêts concurrents: Aucun déclaré
Cet article a été révisé par des pairs.