L’obésité est une maladie chronique complexe, évolutive et récidivante fort répandue qui se caractérise par une accumulation anormale ou excessive de graisses corporelles (adiposité) nuisible à la santé.
Les personnes vivant avec l’obésité font l’objet de préjugés et sont passablement stigmatisées, ce qui contribue à accroître la morbidité et la mortalité qui y sont associées, indépendamment du poids ou de l’indice de masse corporelle.
Cette ligne directrice mise à jour fait écho aux avancées substantielles des connaissances sur l’épidémiologie, les déterminants, la physiopathologie, l’évaluation, la prévention et le traitement de l’obésité et en axe désormais la gestion autour de l’amélioration des paramètres de santé centrés sur le patient plutôt qu’uniquement autour de la perte de poids.
La gestion de l’obésité doit obéir à des principes fondés sur des données probantes concernant la gestion des maladies chroniques. Elle doit valider le vécu des patients, aller au-delà des approches simplistes qui consistent à leur conseiller de « manger moins et de bouger plus » et s’attaquer aux racines profondes de l’obésité.
Les personnes vivant avec l’obésité ont besoin d’interventions fondées sur des données probantes, y compris la thérapie nutritionnelle médicale, l’activité physique, les approches psychothérapeutiques, la pharmacothérapie et la chirurgie.
L’obésité est une maladie chronique complexe dans laquelle la graisse corporelle anormale ou excessive (adiposité) nuit à la santé, augmente le risque de complications médicales à long terme et réduit la durée de vie1. Les études épidémiologiques définissent l’obésité en fonction de l’indice de masse corporelle (IMC; poids/taille2), qui permet de stratifier les risques pour la santé qui y sont associés à l’échelle des populations. En pratique, on définit l’obésité par un IMC supérieur à 30 kg/m2 et on la subdivise ensuite en classes 1 (30–34,9), 2 (35–39,9) et 3 (≥ 40). À l’échelle des populations, les complications médicales imputées à un excès d’adiposité sont proportionnelles à l’IMC2. À l’échelle individuelle, les complications sont imputables à l’adiposité excessive, à sa localisation, à sa distribution et à plusieurs autres facteurs, notamment environnementaux, génétiques, biologiques et socioéconomiques (encadré no 1)11.
Complications de l’obésité
Les tissus adipeux influent non seulement sur la régulation centrale de l’homéostasie de l’énergie, mais en excès, ils peuvent aussi devenir dysfonctionnels et prédisposer la personne à plusieurs problèmes de santé, tels que :
Les graisses corporelles en excès et ectopiques sont d’importantes sources d’adipocytokines et de médiateurs inflammatoires qui peuvent altérer le métabolisme du glucose et des graisses, entraîner une augmentation du risque de maladie cardiométabolique et de cancer, et abréger par conséquent de 6 à 14 ans la durée de la vie et l’espérance de vie sans maladie.1,7,8 On estime que 20 % de tous les cancers seraient attribuables à l’obésité, indépendamment de l’alimentation9. L’obésité accroît le risque des cancers suivants10 :
Côlon (chez les hommes et les femmes)
Rein (chez les hommes et les femmes)
Œsophage (chez les hommes et les femmes)
Endomètre (chez les femmes)
Sein (chez les femmes postménopausées)
Depuis une trentaine d’années3, la prévalence de l’obésité ne cesse d’augmenter partout dans le monde12, et au Canada, elle a triplé depuis 198513. Il est à noter que l’obésité morbide, quant à elle, a quadruplé; et selon les estimations, en 2016, elle affectait 1,9 million d’adultes canadiens13.
L’obésité est devenue un grave problème de santé publique qui grève les budgets des systèmes de santé14,15 et nuit à la santé physique et psychologique16. Les personnes vivant avec l’obésité sont l’objet de préjugés et d’une stigmatisation généralisée contribuant (indépendamment du poids ou de l’IMC) à un accroissement de la morbidité et de la mortalité17.
L’obésité résulte de l’interaction complexe de nombreux facteurs génétiques, métaboliques, comportementaux et environnementaux, et ces derniers seraient la cause la plus probable de l’accroissement substantiel de sa prévalence18,19. Ces dernières années, on a appris à mieux comprendre les déterminants biologiques de la maladie19. Le cerveau joue un rôle central dans l’homéostasie de l’énergie en régulant l’apport alimentaire et la dépense énergétique (encadré no 2)24.
Régulation de l’appétit20–23
La régulation de l’appétit est complexe et met à contribution plusieurs composantes du système nerveux central, dont l’hypothalamus (contrôle homéostatique), le système mésolimbique (contrôle hédonique) et le lobe frontal (contrôle exécutif).
L’interaction entre le contrôle homéostatique et le contrôle hédonique de la prise alimentaire dépend de médiateurs issus des tissus adipeux, du pancréas, de l’intestin et d’autres organes.
Les fonctions cognitives du cortex préfrontal exercent un contrôle exécutif sur les choix alimentaires et la décision de s’alimenter. L’interconnectivité de ces réseaux neuronaux est à l’origine du comportement alimentaire et serait altérée par l’obésité.
Une diminution de l’apport alimentaire et une augmentation de l’activité physique entraînent un bilan énergétique négatif et déclenchent une cascade de mécanismes métaboliques et neurohormonaux adaptatifs25,26. Les traitements qui ciblent les modifications des mécanismes neurohormonaux peuvent devenir des outils efficaces pour la gestion à long terme de l’obésité27.
De nouvelles approches ont été proposées pour diagnostiquer et évaluer l’obésité dans la pratique clinique11,18,19,28. Même si l’IMC est largement utilisé pour évaluer et classifier l’obésité (adiposité), cet outil manque de précision pour en détecter les complications19. Le tour de taille a été associé de manière indépendante à une augmentation du risque cardiovasculaire, mais celui-ci n’est pas un bon prédicteur de l’adiposité viscérale sur une base individuelle29. Comparativement à l’IMC seul ou au tour de taille seul, la mesure des deux durant l’examen clinique permettrait d’identifier le phénotype d’obésité associé à un risque plus grand, particulièrement chez les individus dont l’IMC est moins élevé30,31. En plus de l’IMC et du tour de taille, une anamnèse permettant de cerner les causes sous-jacentes à l’obésité, un bon examen physique et des analyses de laboratoire pertinentes permettent d’identifier les meilleurs candidats au traitement32.
Le système de classification de l’obésité EOSS (Edmonton Obesity Staging System) a été proposé pour guider les décisions cliniques en fonction de l’évaluation de l’obésité pour chaque catégorie d’IMC (annexe 1, accessible en anglais ici www.cmaj.ca/lookup/suppl/doi:10.1503/cmaj.191707/-/DC2)28. Ce système de classification en 5 stades tient compte de paramètres métaboliques, physiques et psychologiques pour orienter le traitement optimal de l’obésité. Dans des études populationnelles, on a démontré que, comparativement à l’IMC ou au tour de taille seuls, ce système est un meilleur prédicteur de la mortalité de toutes causes33,34.
On reconnaît que la gestion de l’obésité devrait viser une amélioration de l’état de santé et du bien-être, et non seulement la perte de poids34–36. Étant donné que la documentation existante porte principalement sur les paramètres de perte de poids, plusieurs recommandations de la présente ligne directrice s’y attardent également. Toutefois, il faudra approfondir la recherche et s’intéresser davantage à une gestion de l’obésité axée sur l’amélioration des paramètres de santé centrés sur les patients, plutôt qu’à la perte de poids exclusivement.
Même si les preuves s’accumulent pour confirmer que l’obésité est une maladie chronique grave, elle n’est pas gérée efficacement par notre système de santé actuel37,38. Les professionnels de la santé canadiens se sentent mal équipés pour venir en aide aux personnes vivant avec l’obésité39–41. Les préjugés concernant l’obésité affectent également le niveau et la qualité des soins de santé que reçoit cette clientèle42. La position culturelle dominante concernant l’obésité alimente les préjugés quant à un soi-disant manque de responsabilité ou de volonté de la part des individus en leur jettant blâmes et humiliations41. Il est important de noter que la stigmatisation liée à l’obésité nuit au niveau et à la qualité de soins prodigués42.
Compte tenu de l’amélioration des connaissances au sujet de cet état morbide et des nouvelles approches pour l’évaluer et le gérer, le moment est bien choisi pour mettre à jour la ligne directrice de pratique clinique canadienne de 200643. L’objectif de cette mise à jour est de sensibiliser les médecins de soins primaires à des options fondées sur des données probantes pour évaluer et traiter l’obésité. À noter que cette ligne directrice intègre les points de vue de patients et d’équipes de soins primaires multidisciplinaires, d’experts de la gestion de l’obésité et de chercheurs. Cet article résume la ligne directrice qui est accessible ici dans son intégralité (https://obesitycanada.ca/fr/).
Portée
Le lectorat cible de cette ligne directrice portant sur l’obésité chez l’adulte est formé de professionnels de la santé en soins primaires. Elle peut aussi être utilisée par les responsables des orientations politiques et les personnes vivant avec l’obésité ainsi que leurs proches. Ce document vise à guider les professionnels de la santé, mais ces derniers doivent faire preuve de jugement clinique au moment de les mettre en œuvre. Le manque de ressources et les préférences individuelles des patients peuvent rendre la mise en œuvre pratique des recommandations individuelles plus complexe, mais la ligne directrice a pour but d’améliorer les normes de soins et leur accessibilité pour les personnes vivant avec l’obésité dans toutes les régions du Canada.
Recommandations
Cette ligne directrice de pratique clinique trace le parcours du patient et explique sa gestion clinique en médecine de soins primaires. Les recommandations de la ligne directrice sont présentées au tableau 1.
Une description complète des recommandations et les données probantes à l’appui sont fournies dans les 19 chapitres de la ligne directrice intégrale (https://obesitycanada.ca/fr/). Le présent synopsis résume les principes directeurs que le Comité exécutif a considérés comme importants pour l’avancement de la pratique clinique au Canada.
Cinq étapes guident le professionnel de la santé dans son intervention auprès du patient vivant avec l’obésité durant son parcours. Chaque étape est résumée ci-dessous avec les points saillants des recommandations afférentes et une explication des données probantes à l’appui.
Reconnaissance de l’obésité en tant que maladie chronique par les professionnels de la santé, qui devraient demander à leurs patients l’autorisation de les conseiller et de les aider à traiter cette maladie de façon impartiale.
Évaluation de la personne vivant avec l’obésité selon les paramètres appropriés et identification des causes sousjacentes du problème, de ses complications et des obstacles au traitement.
Discussion sur les principales options thérapeutiques (thérapie nutritionnelle, activité physique) et les traitements d’appoint au besoin, y compris approches psychothérapeutiques, pharmacologiques et chirurgicales.
Entente avec la personne vivant avec l’obésité au sujet des objectifs du traitement, portant principalement sur la valeur des interventions axées sur la santé.
Engagement des professionnels de la santé à procéder à un suivi et à des réévaluations périodiques et à promouvoir le traitement de cette maladie chronique.
Étape 1 : Reconnaissance de l’obésité comme maladie chronique et obtention de l’autorisation du patient
Les professionnels de la santé en soins primaires devraient reconnaître et traiter l’obésité comme une maladie chronique due à une accumulation anormale ou excessive de graisses corporelles (adiposité), qui nuit à la santé et aggrave le risque de morbidité et de mortalité prématurées1,2,18,44–47.
L’obésité est une maladie chronique complexe et hétérogène qui ne se présente pas de la même façon chez tous les patients et requiert comme toute autre maladie chronique complexe un traitement individualisé et un soutien à long terme.
Dans le milieu de la santé, les préjugés liés au poids peuvent nuire à la qualité des soins prodigués aux patients vivant avec l’obésité42. Une façon d’atténuer les préjugés, la stigmatisation et la discrimination liés au poids est de sensibiliser les professionnels de la santé à leurs propres attitudes et réactions face à l’obésité48. Cette sensibilisation peut passer par des outils d’autoévaluation, comme le test d’association implicite, pour mesurer les préjugés liés au poids49. Une description complète et les données probantes à l’appui des recommandations concernant les préjugés liés au poids sont accessibles en ligne (https://obesitycanada.ca/fr/) au chapitre « Réduction des préjugés liés au poids dans la gestion, les pratiques et les politiques relatives à l’obésité ».
Les professionnels de la santé ne devraient pas tenir pour acquis que tous les patients vivant avec l’obésité sont prêts à s’attaquer à ce problème; ils devraient demander au patient l’autorisation d’en discuter et si le patient les y autorise, la conversation au sujet d’un traitement peut commencer50,51.
Étape 2 : Évaluation
Les médecins de soins primaires devraient promouvoir une approche thérapeutique holistique axée sur les comportements en matière de santé avec tous leurs patients et s’attaquer aux causes sous-jacentes du gain pondéral en évitant la stigmatisation et les approches trop simplistes.
Une mesure directe de la taille, du poids et du tour de taille ainsi que le calcul de l’IMC devraient faire partie de l’examen physique de routine chez tous les adultes. Même si l’IMC a ses limites, il n’en est pas moins utile pour le dépistage et comme indice de santé des populations52. Chez les personnes dont l’IMC est élevé (entre 25 mg/m2 et 34,9 mg/m2), le tour de taille devrait être régulièrement vérifié pour identifier la présence plus marquée d’adiposité viscérale avec les risques qu’elle comporte pour la santé53.
Les causes de l’obésité sont multiples : facteurs biologiques, tels que mécanismes génétiques, épigénétiques et neurohormonaux, certaines maladies chroniques associées, médicaments obésogènes, croyances et pratiques socioculturelles, déterminants sociaux de la santé, environnement, vécu des individus, p. ex., traumatismes de l’enfance, et facteurs psychologiques, tels que troubles de l’humeur, anxiété, hyperphagie boulimique, trouble du déficit d’attention, piètre estime de soi et problèmes identitaires50. Travailler avec les personnes à cerner ces éléments contextuels et culturels, en plus des causes sous-jacentes au problème, permet d’élaborer des plans thérapeutiques personnalisés. Ces plans peuvent s’accompagner d’une relation d’aide à long terme, inclure un suivi de l’obésité en tant que maladie chronique et de ses comorbidités associées, et s’attaquer aux causes de l’obésité, telles que les problèmes de santé existants et les médicaments obésogènes.
Nous recommandons une anamnèse complète pour identifier les causes profondes du gain pondéral et les obstacles physiques, mentaux et psychosociaux à la perte de poids. L’examen physique, les analyses de laboratoire, l’imagerie diagnostique et d’autres examens devraient être effectués selon le jugement clinique. Nous recommandons aussi de vérifier la tension artérielle aux deux bras et la glycémie à jeun ou l’hémoglobine glyquée, de même que le bilan lipidique pour évaluer les risques cardiométaboliques, et selon le cas, le taux d’alanine aminotransférase pour dépister une possible stéatose hépatique non alcoolique.
Étape 3 : Discussion sur les options thérapeutiques
Les adultes vivant avec l’obésité devraient bénéficier de plans de soins individualisés et adaptés aux causes profondes de leur obésité, d’un soutien pour les changements comportementaux (p. ex., nutrition, activité physique) et de traitements d’appoint pouvant inclure des approches psychothérapeutiques, pharmacologiques et chirurgicales.
Alimentation et exercice
Indépendamment de sa taille ou de sa morphologie, chacun gagne à adopter une alimentation saine et équilibrée et à faire régulièrement de l’exercice. Une activité aérobique (de 30 à 60 minutes) plusieurs fois par semaine peut entraîner une légère perte de poids et de graisse, améliorer les paramètres cardiométaboliques et maintenir la perte de poids54.
La perte de poids et son maintien requièrent une réduction à long terme de l’apport calorique. L’adoption à long terme de saines habitudes alimentaires adaptées aux valeurs et aux préférences de l’individu, qui comblent ses besoins nutritionnels et l’aident à atteindre ses objectifs, est un élément important de la gestion du poids et de la santé.
La thérapie nutritionnelle médicale est au cœur de la gestion des maladies chroniques, y compris de l’obésité55,56. Elle ne devrait cependant pas être utilisée isolément pour la gestion de l’obésité, car le maintien à long terme de la perte de poids peut être difficile en raison de mécanismes neurologiques compensatoires qui mènent à une augmentation de l’apport calorique en accroissant la sensation de faim, causant ainsi un gain pondéral57,58. La thérapie nutritionnelle médicale, en association avec d’autres interventions (psychothérapeutiques, pharmacologiques et chirurgicales), devrait plutôt être ajustée de manière à améliorer les paramètres médicaux et pondéraux de l’individu56,59.
La perte de poids obtenue au moyen de changements comportementaux axés sur la santé varie habituellement de 3 % à 5 % et peut améliorer significativement les comorbidités60 liées à l’obésité. L’ampleur de la perte de poids varie beaucoup d’un individu à l’autre en fonction de facteurs biologiques et psychosociaux et ne dépend pas uniquement des efforts déployés par l’individu.
Le poids auquel le corps se stabilise après l’adoption d’une saine hygiène de vie peut être qualifié de « poids optimal »; cela n’équivaut pas au poids « idéal » selon l’IMC. L’atteinte de l’IMC « idéal » peut être très difficile. Si les modifications comportementales n’ont pas suffi et que pour améliorer son état de santé et son bien-être le patient doit perdre plus de poids, des options pharmacologiques et chirurgicales plus intensives peuvent être envisagées.
Interventions psychothérapeutiques et comportementales
Toutes les stratégies d’optimisation de la santé, qu’il s’agisse d’alimentation, d’activité physique, d’observance thérapeutique, de préparation à la chirurgie ou d’approches adaptatives, reposent sur des changements comportementaux61. Les interventions psychothérapeutiques et comportementales servent de « mode d’emploi » pour ces changements; elles donnent au médecin la capacité de guider le patient vers les comportements recommandés afin qu’il les adopte et les maintienne au fil du temps60. On trouvera une description complète des interventions psychothérapeutiques et comportementales et les données probantes à l’appui à l’adresse (https://obesitycanada.ca/fr/) au chapitre intitulé « Interventions psychothérapeutiques et comportementales efficaces et gestion de l’obésité ».
Pharmacothérapie
Nous recommandons une pharmacothérapie d’appoint pour la perte de poids et son maintien chez les individus qui ont un IMC ≥ 30 kg/m2 ou un IMC ≥ 27 kg/m2 auquel s’ajoutent des complications liées à l’adiposité, en complément de la thérapie nutritionnelle, de l’activité physique et du soutien psychologique. Parmi les options offertes, mentionnons le liraglutide 3,0 mg, l’association naltrexone-bupropion et l’orlistat. La pharmacothérapie accentue la perte de poids au-delà de ce que les changements comportementaux peuvent générer seuls et elle est importante pour prévenir une reprise du poids62–66. Une description complète et les données probantes à l’appui sont accessibles en ligne (https://obesitycanada.ca/fr/) au chapitre intitulé « Pharmacothérapie et gestion de l’obésité ».
Chirurgie bariatrique
La chirurgie bariatrique peut être envisagée chez les personnes qui ont un IMC ≥ 40 kg/m2 ou ≥ 35 kg/m2 auquel s’ajoute au moins 1 comorbidité liée à l’obésité. Le choix de la chirurgie doit être arrêté avec l’équipe multidisciplinaire en tenant compte des attentes du patient, de son état de santé, des avantages escomptés et des risques anticipés de la chirurgie. Une description complète et les données probantes à l’appui sont accessibles en ligne (https://obesitycanada.ca/fr/) aux chapitres intitulés « Chirurgie bariatrique : Sélection et bilan préopératoire », « Chirurgie bariatrique : Options et résultats » et « Chirurgie bariatrique : Gestion postopératoire ».
Étape 4 : Entente au sujet des objectifs du traitement
Étant donné que l’obésité est une maladie chronique, sa gestion à long terme repose sur une collaboration entre le patient et son équipe soignante67. Les professionnels de la santé devraient avoir une bonne discussion avec leurs patients pour clarifier leurs attentes, choisir des traitements centrés sur la personne et établir des objectifs réalistes sur le plan des habitudes de vie et des paramètres de santé68.
Parmi les gestes utiles pour atténuer la stigmatisation de l’embonpoint lors de consultations en soins primaires, mentionnons la reconnaissance explicite des multiples déterminants des stéréotypes associés au surplus de poids, soit la connotation d’échec ou de réussite de l’individu en lien avec sa morphologie, l’accent placé sur les interventions comportementales pour améliorer l’état de santé général et une redéfinition de la réussite mesurée selon l’adoption d’une saine hygiène de vie, indépendamment de la morphologie ou de la masse corporelle69.
Étant donné qu’il s’agit d’une maladie chronique, le plan de traitement doit s’échelonner à long terme. Les professionnels de la santé et les patients devraient s’entendre sur un plan d’action personnalisé à la fois réaliste et viable qui tient compte des causes du gain pondéral70.
Étape 5 : Suivi et promotion du traitement de l’obésité
Il faut promouvoir des soins plus efficaces pour les personnes vivant avec l’obésité. Cela inclut une amélioration de la formation et du développement continu des professionnels de la santé afin qu’ils puissent offrir des soins anti-obésité efficaces et fondés sur des données probantes. Nous devons aussi soutenir l’allocation des ressources en santé pour faciliter l’accès à des options thérapeutiques comportementales, pharmacologiques et chirurgicales efficaces.
Au Canada, l’accès aux soins anti-obésité se bute à d’importants obstacles, notamment l’absence de programmes interdisciplinaires de gestion de l’obésité, la difficulté d’accès aux professionnels de la santé experts en la matière, les temps d’attente indus pour les consultations et la chirurgie et le coût élevé de certains traitements37,71–73. En général, les professionnels de la santé sont mal préparés à traiter l’obésité74. Aucun des médicaments anti-obésité offerts au Canada n’est inscrit sur les listes de médicaments des provinces et des territoires et aucun n’est remboursé par les régimes d’assurance médicaments publics provinciaux71. Les temps d’attente pour la chirurgie bariatrique au Canada sont plus longs que pour toute autre maladie traitée chirurgicalement37,71. Même si l’accès à la chirurgie bariatrique s’est amélioré dans certaines régions du Canada, il est encore limité dans la plupart des provinces et inexistant dans les 3 territoires37,71–75. Les candidats à la chirurgie bariatrique peuvent attendre jusqu’à 8 ans avant de rencontrer un spécialiste ou d’être opérés.
L’inaccessibilité des traitements anti-obésité contribue à l’augmentation des taux d’obésité morbide au Canada46. Les Canadiens affectés sont laissés à eux-mêmes dans le labyrinthe complexe des produits et traitements pour la perte de poids, dont bon nombre reposent d’ailleurs sur des bases scientifiques douteuses ou promeuvent des objectifs de perte de poids irréalistes et impossibles à maintenir76.
Méthodologie
Composition des groupes participants
Obésité Canada et l’Association canadienne des médecins et chirurgiens bariatriques ont formé un Comité exécutif et un Comité directeur dont les membres détiennent une vaste expertise et proviennent des quatre coins du pays. Le Comité exécutif (qui compte 2 coprésidents [S.W., D.C.W.L.], 1 omnipraticienne [C.C-S.], 1 psychologue [M.V.], 1 chirurgien bariatrique [L.B.] et 1 néphrologue [A.M.S.]) a fourni la vision globale et la supervision du processus de rédaction de la ligne directrice.
Le Comité directeur (n = 16) était composé de certains des auteurs principaux des chapitres, et d’une personne vivant avec l’obésité; ce comité a recruté d’autres chercheurs (responsables et auteurs de chapitre) pour rédiger chaque chapitre. Les membres du Comité exécutif et du Comité directeur se sont réunis en personne en avril et en décembre 2017 et par téléphone au moins 1 fois par mois.
Les responsables et les auteurs des chapitres (n = 60) ont été choisis pour leur expertise clinique et scientifique en médecine de l’obésité. Pour chaque chapitre, il y avait de 2 à 4 auteurs. Certains responsables de chapitre ont recruté d’autres auteurs pour collaborer à la rédaction.
Nous avons sollicité la participation de personnes vivant avec l’obésité (n = 7) par le biais du Comité de l’engagement public d’Obésité Canada. Un des membres du Comité de l’engagement public (I.P.) a été affecté au Comité directeur pour cette ligne directrice. Les membres du Comité de l’engagement public se sont réunis par téléphone 1 fois par mois; leur apport a été fourni par le biais de sondages en ligne, de groupes de discussion et de conversations individuelles.
Nous avons mobilisé des membres de la communauté autochtone par le biais d’un groupe de discussion (n = 14). De plus, nous avons obtenu le point de vue de professionnels de la santé œuvrant auprès de communautés autochtones et procédé par voie de consensus avec ces médecins et avec les auteurs des chapitres au cours du printemps 2019; les données probantes ont ainsi pu s’ancrer davantage dans la pratique clinique. Les détails à ce sujet sont accessibles en ligne (https://obesitycanada.ca/fr/), au chapitre « Gestion de l’obésité et populations autochtones ».
Le personnel, des consultants et des bénévoles d’Obésité Canada (n = 15) ont assuré le soutien administratif et la coordination du projet durant le processus de rédaction de la ligne directrice. Le tableau 2 résume ce processus ainsi que les responsabilités de chaque groupe de participants.
Sélection des thèmes prioritaires
Le Comité exécutif a procédé à un exercice de schématisation conceptuelle afin d’établir la portée de la ligne directrice et les grandes orientations des sections et des chapitres qui la composent (avril–juin 2017)79. En tout, 19 sections et chapitres distincts ont été retenus. Le Comité directeur a rédigé des questions PI/ PECRT (population, intervention ou exposition, comparaison, résultats, temps) pour chaque chapitre lors d’une rencontre en personne les 15 et 16 décembre 2017, à la suite de quoi 179 questions ont été rédigées pour guider l’interrogation de la documentation. Toutes les questions cliniques ont été préparées avec l’aide du groupe d’analyse et de synthèse des données probantes de l’Université McMaster (McMaster Evidence Review and Synthesis Team ou MERST, autrefois McMaster Evidence-Based Practice Centre) selon le format approprié (c.-à-d., PICRT pour les traitements et PECRT pour les questions qualitatives).
Revue de la documentation et évaluation de la qualité
Le groupe MERST a contribué à la rédaction de la ligne directrice en conduisant les interrogations de la documentation à partir des questions PI/PECRT de chaque chapitre. Une spécialiste de la bibliothèque des sciences de la santé de l’Université McMaster (Hamilton, Ontario) a utilisé cette information pour créer des stratégies de recherche sur MEDLINE et Embase. Les interrogations visaient les articles de langue anglaise révisés par des pairs et publiés entre janvier 2006 et juin 2018. Quatorze interrogations ont été réalisées en lien direct avec les chapitres et 7 autres interrogations ont aidé à fournir un contexte pour différents chapitres. Les stratégies d’interrogation sont disponibles sur la page Web de la ligne directrice (https://obesitycanada.ca/fr/). Une fois une interrogation terminée, les résultats étaient téléversés dans Endnote, où les doublons étaient éliminés, et un ensemble final de citations a été téléchargé sur le logiciel DistillerSR à des fins de sélection et de revue80. En plus des interrogations électroniques, les auteurs des chapitres ont identifié d’autres sources et les ont ajoutées aux résultats principaux de la recherche.
Deux examinateurs ont complété la sélection des titres et des résumés d’articles et choisi de manière indépendante les études potentielles à inclure. Le texte intégral de chaque source ainsi sélectionnée par l’un ou l’autre des examinateurs a été passé en revue par 1 ou plusieurs auteurs du chapitre concerné qui ont jugé de sa pertinence. On a ensuite évalué la méthodologie des articles sélectionnés à l’aide de l’approche Shekelle77,81. Chaque source a été classée selon qu’il s’agissait de prévention, de traitement, d’évaluation des paramètres diagnostiques ou de pronostic. Une fois cette sélection effectuée, un modèle approprié de gestion des revues électroniques systématiques a été affiché sur le support DistillerSR, à partir duquel on a répondu aux questions méthodologiques et généré le niveau des données probantes selon le type et la qualité de l’étude. C’est le niveau des données probantes qui détermine la force des recommandations et il a été généré au moyen de la plateforme de gestion des revues électroniques systématiques (encadré no 3)77.
Barèmes de classification77
Niveau de preuve
Niveau 1a : Données probantes tirées de méta-analyses d’essais randomisés et contrôlés (ERC)
Niveau 1 b : Données probantes tirées d’au moins 1 ERC
Niveau 2a : Données probantes tirées d’au moins 1 étude contrôlée non randomisée
Niveau 3 : Données probantes tirées d’études descriptives non expérimentales (p. ex., études de comparaison, de corrélation et cas–témoins)
Niveau 4 : Données probantes tirées de rapports de comités d’experts et/ou de l’opinion/expérience clinique d’autorités respectées
Force des recommandations
Catégorie A : Reposent directement sur des données probantes de niveau 1
Catégorie B : Reposent directement sur des données probantes de niveau 2 ou l’extrapolation de données probantes de niveau 1
Catégorie C : Reposent directement sur des données probantes de niveau 3 ou l’extrapolation de données probantes de niveau 1 ou 2
Catégorie D : Reposent directement sur des données probantes de niveau 4 ou l’extrapolation de données probantes de niveau 1, 2 ou 3
Adapté avec l’autorisation de BMJ Publishing Group Limited. Shekelle PG, Woolf SH, Eccles M, et coll. Developing clinical guidelines. West J Med 1999; 170:348–51.
Élaboration de recommandations
Les recommandations ont été rédigées par le Comité directeur avec les responsables et auteurs de chapitres sur la base des données probantes du niveau le plus élevé disponibles (encadré no 3)77. Les responsables et auteurs des chapitres ont vérifié le type et la force des données probantes (niveau) et ont ajouté les références des études dont elles ont été tirées.
Reconnaissant l’importance de la recherche qualitative pour les questions concernant le traitement de l’obésité, les experts en contenu (S.K., X.R.S., D.C.S., L.C., S.R.M.) ont procédé à la revue de toute la documentation à la base de ces recommandations. Une évaluation consensuelle de la qualité des données probantes par les examinateurs experts en méthodes qualitatives a permis d’établir le niveau des données probantes pour les recommandations en question.
Certaines recommandations de catégorie D ont été formulées sur la base de rapports de comités d’experts, d’opinions ou d’expériences cliniques relatées par des autorités reconnues et sont assorties de références; d’autres recommandations de catégorie D formulées par les auteurs portent la mention « consensus ».
Les auteurs des chapitres ont utilisé une terminologie standardisée pour rendre les recommandations plus spécifiques. Le choix des verbes d’action utilisés pour chaque recommandation se fonde sur la qualité des sources à l’appui (tableau 3)82–84.
Nous avons utilisé un processus itératif pour finaliser les recommandations. Les méthodologistes du groupe MERST ont procédé à un examen indépendant des recommandations de catégories A à C, pour lesquelles ils ont examiné la clarté des énoncés et la concordance des recommandations avec les données probantes. Deux méthodologistes (un examinateur principal et un examinateur secondaire) ont analysé chaque recommandation au moyen de listes de vérification pour assigner le niveau de données probantes de chaque source. Les méthodologistes se sont réunis, ont discuté, se sont entendus sur la classification des recommandations et ont fait rapport de leurs suggestions sur les révisions concernant le libellé ou la classification au Comité exécutif. Les responsables des chapitres ont modifié les recommandations conformément au processus de révision du groupe MERST.
Le Comité exécutif a voté sur chacune des recommandations pour s’assurer d’un consensus. Si une recommandation ne recueillait pas 100 % des votes, le Comité exécutif discutait de la recommandation en profondeur jusqu’à l’atteinte d’un consensus. Les responsables de chapitres ont ensuite modifié le libellé des recommandations en conséquence et le Comité exécutif a approuvé le nouveau libellé des recommandations. Le Comité exécutif a fourni son approbation finale pour toutes les recommandations de cette ligne directrice, chacune ayant été acceptée à l’unanimité.
Revue externe
Des examinateurs externes (professionnels de soins de santé primaires et personnes vivant avec l’obésité [n = 7]) ont passé en revue les recommandations pour vérifier leur pertinence et leur faisabilité. Nous avons effectué quelques modifications pour nous adapter au vocabulaire et au contexte des soins primaires. Une révision externe distincte de chaque chapitre a été réalisée par des pairs.
Gestion des intérêts concurrents
Le financement provient de la Stratégie de recherche axée sur le patient des Instituts de recherche en santé du Canada, de l’Initiative FOCUS (Fund for Obesity Collaboration and Unified Strategies) d’Obésité Canada et de l’Association canadienne des médecins et chirurgiens bariatriques, en plus d’un soutien non financier des chercheurs et professionnels ayant participé bénévolement à l’élaboration de la ligne directrice. Les vues des organismes subventionnaires n’ont aucunement influé sur le contenu de la ligne directrice. Tous les membres des comités (exécutif et directeur), les responsables et auteurs des chapitres ont agi à titre bénévole; ils n’ont reçu aucune rémunération pour leurs services.
Le Comité exécutif a élaboré et mis en œuvre la politique et les procédures concernant les conflits d’intérêts afin de réduire les risques de biais. Cette politique et les divulgations d’intérêts concurrents sont accessibles sur le site Web de la ligne directrice. Tous les participants devaient dévoiler leurs conflits d’intérêts potentiels. Nous avons maintenu des déclarations détaillées pendant tout le processus et pour tous les membres du Comité exécutif, du Comité directeur et les méthodologistes participants du groupe MERST. Nous avons utilisé le formulaire de divulgation de l’International Committee of Medical Journal Editors, avec l’ajout des sources de financement gouvernementales.
Les personnes ayant dévoilé des intérêts concurrents n’ont été exclues ni des évaluations critiques ni du vote sur les recommandations, mais le Comité exécutif a demandé à ceux qui avaient des intérêts concurrents directs de s’abstenir de voter sur des recommandations les plaçant en situation de conflits d’intérêts. Tout énoncé mentionnant l’utilisation des médicaments en dehors des indications approuvées incluait une mise en garde à cet effet.
Comme nous l’avons vu précédemment, les méthodologistes du groupe MERST qui n’avaient aucun intérêt concurrent ont passé en revue78 et classé chaque étude incluse pour s’assurer que les données probantes ont été évaluées de manière appropriée. Ils ont aussi passé en revue les recommandations (de catégories A à C) pour faire en sorte qu’elles concordent avec les données probantes. En terminant, un examen externe a été mené pour vérifier la faisabilité des recommandations et évaluer la présence de biais.
Mise en œuvre
Obésité Canada et l’Association canadienne des médecins et chirurgiens bariatriques ont conçu un site Web conjoint (https://obesitycanada.ca/fr/) sur lequel on retrouve la ligne directrice intégrale, les mises à jour provisoires, un guide de référence rapide, les messages clés, des outils, jeux de diapos, vidéos et webinaires pour les professionnels de la santé, ainsi que des ressources pour les personnes obèses et leurs proches, en anglais et en français. La ligne directrice sera présentée sur le site Web sous forme de document évolutif. Chaque responsable de chapitre suivra l’actualité médicale en lien avec la ligne directrice et collaborera avec le Comité exécutif pour mettre les recommandations à jour lorsque de nouvelles données probantes pouvant les modifier seront disponibles. Un cadre de mise en œuvre (cadre 5A) est accessible à l’annexe 2.
Plus de 10 ans après la diffusion de la première ligne directrice canadienne sur l’obésité en 2006, l’accès aux soins anti-obésité demeure problématique au Canada37,71. L’obésité n’est pas officiellement reconnue comme une maladie chronique par les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux, malgré les déclarations de l’Association médicale canadienne et de l’Organisation mondiale de la santé85,86. L’absence de reconnaissance de l’obésité en tant que maladie chronique par les régimes privés et publics, les systèmes de santé, le public et les médias se répercute sur l’accès au traitement72. L’obésité continue d’être traitée comme une maladie auto-infligée, ce qui influe sur les types d’interventions et d’approches offerts par les gouvernements ou remboursés par les régimes d’assurance maladie87.
La mise en œuvre de cette ligne directrice demandera une politique ciblée, de même que des efforts de sensibilisation et un engagement de la part des personnes vivant avec l’obésité, de leurs proches et de leurs équipes soignantes. Des organisations canadiennes se sont concertées pour travailler à modifier la perception de l’obésité au Canada, pour éliminer les préjugés et la stigmatisation liés au poids et à l’obésité et pour modifier la façon dont les systèmes de santé et les politiques s’attaquent à l’obésité88. Cette ligne directrice sera utilisée auprès des gouvernements fédéral et provinciaux pour soutenir la défense des intérêts des personnes vivant avec l’obésité afin d’améliorer leurs soins.
Autres lignes directrices
C’est en 2006 qu’a été publiée la première ligne directrice de pratique clinique canadienne fondée sur des données probantes concernant la prise en charge et la prévention de l’obésité chez les adultes et les enfants43. En 2015, le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs, en collaboration avec le personnel scientifique de l’Agence de la santé publique du Canada et le Centre d’analyse et de synthèse des données probantes de l’Université McMaster, a publié une série de recommandations pour la prévention du gain pondéral et l’utilisation d’interventions comportementales et pharmacologiques pour gérer l’embonpoint et l’obésité chez les adultes en soins primaires89. Cette ligne directrice n’a pas été conçue à l’intention des personnes ayant un IMC ≥ 40 pouvant bénéficier de programmes bariatriques spécialisés et n’a passé en revue que les essais interventionnels réalisés dans le contexte des soins primaires canadiens. La ligne directrice n’a pas non plus inclus les traitements chirurgicaux.
Lacunes dans les connaissances
Les recommandations de cette ligne directrice reposent sur le meilleur niveau de données probantes disponibles en 2020. Nous reconnaissons que c’est la poursuite de la recherche qui continuera de guider et de faire progresser la gestion de l’obésité90,91.
Les options thérapeutiques actuelles, à l’exception de la chirurgie, donnent rarement lieu à une perte de poids soutenue de plus de 20 %, et chez certaines personnes vivant avec l’obésité, cela se révèle insuffisant pour corriger ou améliorer plusieurs des problèmes de santé qui accompagnent le surpoids. Il faut donc multiplier les options thérapeutiques pour répondre aux besoins des personnes vivant avec l’obésité. La reprise de poids continue d’être un défi pour de nombreux patients qui ont été traités92.
Conclusion
L’obésité est une maladie chronique complexe fort répandue, qui affecte beaucoup d’adultes au Canada et dans le monde; seule une petite fraction des personnes qui pourraient bénéficier d’un traitement y ont accès. Cette ligne directrice fondée sur des données probantes mises à jour vise à améliorer l’accès et les soins aux personnes vivant avec l’obésité en sensibilisant les professionnels de la santé au fait que l’obésité requiert un traitement à long terme. Les récentes découvertes concernant la régulation de l’appétit et la physiopathologie de l’obésité ont ouvert de nouvelles avenues pour le traitement de cette maladie chronique. La lutte contre les préjugés et la stigmatisation liés au poids, la compréhension des causes profondes de l’obésité, la promotion et le déploiement d’interventions comportementales centrées sur les patients et le traitement approprié administré par des professionnels de la santé, préférablement au sein d’équipes interdisciplinaires, permettront d’améliorer la qualité des soins et le bien-être des personnes vivant avec l’obésité. La diffusion et la mise en œuvre de cette ligne directrice font partie intégrante de nos objectifs pour combattre cette maladie chronique répandue. Il faudra déployer beaucoup plus d’efforts sur le plan de la recherche, de la formation, de la prévention et des traitements pour améliorer nos connaissances sur l’obésité.
Remerciements
Les auteurs remercient les membres du personnel d’Obésité Canada, Dawn Hatanaka, Nicole Pearce, Brad Hussey, Robert Fullerton et Patti Whitefoot-Bobier, pour leur soutien à la coordination et pour leur contribution à la création du site Web hébergeant la ligne directrice sur l’obésité, les ressources en ligne, les tableaux et les figures. Les auteurs remercient aussi le Comité de l’engagement public d’Obésité Canada, Lisa Schaffer, Candace Vilhan, Kelly Moen, Doug Earle, Brenndon Goodman, qui ont participé à la préparation des questions de recherche et passé en revue les messages clés à l’intention des personnes obèses et les recommandations à l’intention des professionnels de la santé. Les auteurs remercient également Donna Fitzpatrick, membre du Groupe d’analyse et de synthèse des données probantes de l’Université McMaster ou MERST (McMaster Evidence Review and Synthesis Team), qui a joué un rôle crucial dans l’élaboration de la méthodologie requise pour cette ligne directrice; et ils remercient également les examinateurs dont les commentaires les ont aidés à améliorer les chapitres et le manuscrit. Les auteurs remercient aussi Barbara Kermode-Scott et Brad Hussey pour la révision des lignes directrices, Elham Kamran et Rubin Pooni pour le soutien à la recherche, et Jordan Tate du Physician Program de l’Université de l’Alberta qui a conçu le cadre 5A pour cette ligne directrice.
Footnotes
Entrevue avec l’auteur en baladodiffusion : https://www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.191707/tab-related-content
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.191707
Intérêts concurrents: Sean Wharton signale avoir reçu des honoraires et le remboursement de frais de voyage et participé à des comités consultatifs universitaires pour Novo Nordisk, Bausch Health, Eli Lilly et Janssen. Sean Wharton est aussi le directeur médical d’une clinique spécialisée en gestion du poids et du diabète. David Lau signale avoir reçu des subventions et un soutien à la recherche d’AstraZeneca, de Novo Nordisk et des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC); des honoraires de conférencier d’AstraZeneca, Bausch Health, Boehringer Ingelheim, Diabète Canada, Eli Lilly, Merck et Novo Nordisk; et des honoraires de consultant d’Amgen, AstraZeneca, Bausch Health, Boehringer Ingelheim, Gilead, HLS Therapeutics, Janssen, Eli Lilly et Novo Nordisk. Michael Vallis est membre de comités consultatifs pour Novo Nordisk, Bausch Health et LifeScan. Michael Vallis a aussi reçu des honoraires de consultant de Bausch Health, LifeScan, Novo Nordisk et Sanofi et des honoraires de conférencier de Novo Nordisk, Sanofi, Bausch Health, Abbott et AbbVie. Arya Sharma signale avoir reçu des honoraires de conférencier et de consultant de Novo Nordisk, Bausch Pharmaceuticals et AstraZeneca. Laurent Biertho signale avoir reçu des subventions de Johnson and Johnson et de Medtronic, et il est membre de comités consultatifs pour Novo Nordisk et Bausch Health, en dehors des travaux soumis. Denise Campbell-Scherer est à l’emploi de l’Université de l’Alberta (professeure au Département de médecine familiale). Elle ne signale aucun autre lien de nature financière, mais mentionne avoir reçu des subventions de recherche de la part des organisations suivantes au cours des trois dernières années : Novo Nordisk Alberta Diabetes Fund (NOVAD), une subvention conjointe accordée après examen par les pairs, en partenariat avec la Fondation de l’Hôpital universitaire, Novo Nordisk et Alberta Innovates; Alberta Innovates Health Solutions (concours lancés par Cancer Prevention Research Opportunity and Collaborative Research et par Innovation Opportunities), les IRSC (concours Stratégie de recherche axée sur le patient du Canada et Des connaissances à la pratique); le Northern Alberta Family Medicine Fund; et l’Alberta Cancer Prevention and Legacy Fund. Elle signale aussi avoir reçu du financement pour le transfert des connaissances des sources suivantes au cours des trois dernières années : subvention à la formation versée sans restriction par Obésité Canada, financée par Novo Nordisk Global; bourse aux fins de réunion du Réseau mondial d’universités; subvention de l’Agency for Healthcare Research and Quality R13 pour une recherche sur l’efficacité des soins de santé et les résultats; une subvention pour la formation médicale des Services de santé de l’Alberta et de l’Association médicale de l’Alberta. Angela Alberga signale avoir reçu les subventions suivantes : bourse Santé du Fonds de recherche du Québec, bourse Accélération du programme MITACS, et bourse d’entrepreneuriat de l’Université Concordia, en dehors des travaux soumis. Jennifer Brown signale avoir reçu un soutien non financier de Novo Nordisk, et des honoraires personnels de Bausch Health, Diététistes du Canada, Obésité Canada et l’Association canadienne des médecins et chirurgiens bariatriques. Yoni Freedhoff est copropriétaire du Bariatric Medical Institute et de Constant Health, qui fournissent des services de gestion du poids; Constant Health a reçu une subvention de Novo Nordisk. Yoni Freedhoff est aussi l’auteur de The diet fix : Why diets fail and how to make them work publié par Crown Publishing Group, et il reçoit des droits d’auteur pour ce livre. Il est également le seul auteur du blogue intitulé Weighty Matters et d’une rubrique pour Medscape et plusieurs autres lettres d’opinion et articles dans lesquels il a exprimé ouvertement ses positions concernant le traitement, la gestion et la prévention de l’obésité. Yoni Freedhoff s’exprime en outre régulièrement au sujet de l’obésité et il reçoit des honoraires et le remboursement de frais de déplacement pour ces activités. Michel Gagner signale avoir reçu des honoraires de conférencier d’Ethicon, WL Gore et Medtronic; des honoraires de consultant de Novo Nordisk, Bausch Health et Lexington Medical; et il détient des options d’achat d’actions de Lexington Medical. Margaret Hahn signale avoir reçu des honoraires de consultation d’Alkermes. Marie-France Langlois signale avoir reçu des honoraires personnels de Novo Nordisk, Valeant, Merck Canada, Sanofi, Eli Lilly et Boehringer Ingelheim; une subvention de Merck Canada et d’autres honoraires d’AstraZeneca et du groupe d’étude TIMI (Thrombolysis in Myocardial Infarction) pour la recherche clinique sur le diabète à titre de chercheuse principale, tous en dehors des travaux soumis. David Macklin signale avoir reçu des honoraires personnels de Novo Nordisk et Bausch Health, en dehors des travaux soumis. Priya Manjoo signale avoir reçu des honoraires personnels de Novo Nordisk, Bausch Health et Sanofi; et des subventions de Boehringer Ingelheim, Sanofi et AstraZeneca, en dehors des travaux soumis. Marie-Philippe Morin signale avoir reçu des honoraires de conférencière de Novo Nordisk, Bausch Health, Eli Lilly, Boehringer Ingelheim, Nestlé Health Science, Janssen et AstraZeneca; une subvention de recherche de Novo Nordisk et Sanofi; et des honoraires de consultante de Novo Nordisk, Bausch Health, Eli Lilly, Boehringer Ingelheim, Janssen et AstraZeneca. Sue Pedersen signale avoir reçu des honoraires personnels de Novo Nordisk, Bausch Health, Janssen, Eli Lilly, Merck, AstraZeneca, Boehringer Ingelheim, Sanofi et Pfizer; des subventions d’Eli Lilly, AstraZeneca, Boehringer Ingelheim et Sanofi; et un soutien non financier de Novo Nordisk, Bausch Health, Janssen, Eli Lilly, AstraZeneca, Boehringer Ingelheim et Sanofi, en dehors des travaux soumis. Megha Poddar signale avoir reçu des honoraires pour de la formation médicale continue (FMC) de Novo Nordisk, Bausch Health, Boehringer Ingelheim, Eli Lilly, Jenssen, Merck, du Canadian Collaborative Research Network et d’Antibody Network; des subventions à la formation de Novo Nordisk et Bausch Health; des honoraires de mentorat de Novo Nordisk; des honoraires de participation à des comités consultatifs de Novo Nordisk et Bausch Health; et une bourse pour un projet d’amélioration de la qualité de Boehringer Ingelheim. Paul Poirier signale avoir reçu des honoraires de consultation et de formation médicale continue d’AstraZeneca, Boehringer Ingelheim, Janssen, Eli Lilly, Novo Nordisk, Valeant et Bausch Health, en dehors des travaux soumis. Judy Shiau signale avoir reçu des honoraires personnels de Novo Nordisk de Bausch Health, en dehors des travaux soumis. Diana Sherifali signale avoir reçu des honoraires de consultante pour son avis sur la gestion de la maladie chronique et du diabète de Merck, et une subvention d’Obésité Canada pour soutenir le processus de revue de la documentation durant la conduite de l’étude. John Sievenpiper signale avoir reçu des subventions des IRSC, du Nutrition Trialists Fund de l’Université de Toronto, de l’International Nut and Dried Fruit Council Foundation, du Tate and Lyle Nutritional Research Fund de l’Université de Toronto, de l’American Society for Nutrition, du Glycemic Control and Cardiovascular Disease in Type 2 Diabetes Fund de l’Université de Toronto, de la National Dried Fruit Trade Association, une bourse d’application des connaissances de la Fondation PSI Graham Farquharson, la bourse du clinicien-chercheur de Diabète Canada, la bourse du jeune chercheur Sun Life Financial Banting & Best Diabetes Centre, une bourse de la Fondation canadienne pour l’innovation et la bourse du Fonds ontarien de recherche du ministère de la Recherche et de l’Innovation de l’Ontario. Le Dr Sievenpiper a reçu des honoraires personnels des entités suivantes : Perkins Coie LLP, Tate & Lyle, Producteurs laitiers du Canada, PepsiCo, FoodMinds LLC, European Fruit Juice Association, International Sweeteners Association, Nestlé Health Science, Société canadienne d’endocrinologie et métabolisme, GI Foundation, Pulse Canada, Wirtschaftliche Vereinigung Zucker e.V., Abbott, Biofortis, Autorité européenne de sécurité des aliments, Physicians Committee for Responsible Medicine, Soy Nutrition Institute, Comité européen des fabricants de sucre. Le Dr Sievenpiper a reçu un soutien non financier de Tate & Lyle, PepsiCo, FoodMinds LLC, European Fruit Juice Association, International Sweeteners Association, Nestlé Health Science, Wirtschaftliche Vereinigung Zucker e.V., Abbott, Biofortis, Autorité européenne de sécurité des aliments, Physicians Committee for Responsible Medicine, Kellogg Canada, American Peanut Council, Barilla, Unilever, Unico Primo, Compagnies Loblaw, WhiteWave Foods, Quaker, California Walnut Commission, Almond Board of California, en dehors des travaux soumis. Le Dr Sievenpiper est membre de l’International Carbohydrate Quality Consortium et des comités d’experts en pratique clinique pour la rédaction des lignes directrices de Diabète Canada, European Association for the Study of Diabetes, Société canadienne de cardiologie et d’Obésité Canada, et il occupe les postes de membre de l’exécutif du Groupe d’étude sur le diabète et la nutrition de l’European Association for the Study of Diabetes et de directeur de la Toronto 3D Knowledge Synthesis and Clinical Trials Foundation. Il est aussi conseiller scientifique non rémunéré pour le programme de sécurité alimentaire, nutrition et réglementation et le comité sur les glucides de l’International Life Science Institute en Amérique du Nord. Il est en relation conjugale avec une personne qui travaille pour Anheuser-Busch InBev. Sanjeev Sockalingam signale avoir reçu des honoraires de Bausch Health Canada au cours des 36 derniers mois. Valerie Taylor signale avoir reçu des honoraires de conférencière de Sunovion. Shahebina Walji signale avoir reçu des honoraires de consultation ou de participation à des comités consultatifs pour Novo Nordisk, Bausch Health et Takeda et des honoraires de conférencière de Novo Nordisk et Bausch Health. Shahebina Walji signale aussi avoir vendu les substituts de repas Optifast à partir d’un centre de gestion du poids. Optifast est un produit fabriqué et vendu par Nestlé. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Collaborateurs : Tous les auteurs ont contribué à l’élaboration et à la conception des travaux ainsi qu’à l’acquisition, à l’analyse et à l’interprétation des données. Tous les auteurs ont participé à la rédaction du manuscrit, en ont révisé de façon critique le contenu intellectuel important, ont donné leur approbation finale pour la version destinée à être publiée, et assument l’entière responsabilité de tous les aspects du travail.
Financement : Le financement pour cette initiative a été fourni par Obésité Canada, l’Association canadienne des médecins et chirurgiens bariatriques, la Stratégie de recherche axée sur le patient des Instituts de recherche en santé du Canada, et aucun des participants ou des auteurs n’a reçu de rémunération personnelle pour sa participation.