La xylazine est un tranquillisant employé en médecine vétérinaire frelatant les opioïdes offerts sur le marché illicite
Depuis 2019, on retrouve de plus en plus de xylazine dans les échantillons de drogues illicites analysés au Canada1, principalement en présence de fentanyl1–3. Les personnes qui consomment des opioïdes illicites peuvent en ignorer la présence. Certains rapports mentionnent qu’elle augmenterait la sensation d’euphorie et pourrait prolonger les effets du fentanyl2,3. On devrait envisager la présence de xylazine lorsque les tableaux cliniques sont incompatibles avec ceux attendus d’une exposition aux seuls opioïdes.
La xylazine agit de façon prédominante comme un agoniste des récepteurs adrénergiques alpha-2 (α2) localisés dans le système nerveux central, atténuant la stimulation sympathique
Aucun emploi de la xylazine n’est autorisé pour l’usage humain et d’après les connaissances acquises à la suite de l’étude de séries de cas, on a observé de façon variable qu’elle pouvait causer de la sédation, une bradycardie, de l’hypotension et même de l’hypertension3–5. Ces caractéristiques peuvent persister chez les personnes aux prises avec une intoxication aux opioïdes même après un traitement à la naloxone.
Les effets cliniques de la xylazine peuvent varier et la prise en charge de l’intoxication aux opioïdes demeure la priorité
Traiter la dépression respiratoire induite par la consommation d’opioïdes à l’aide de naloxone et prendre des mesures pour soutenir les voies respiratoires demeure la priorité lorsqu’on prend en charge des surdoses d’opioïdes soupçonnées, possiblement contaminés à la xylazine3. La naloxone neutralise l’intoxication aux opioïdes, mais n’a aucun effet sur les propriétés de sédation de la xylazine, lesquelles peuvent persister. La xylazine n’est pas comprise dans les tests de dépistage urinaire de drogues usuels; aucun traitement ou antidote n’est homologué autre que les traitements symptomatiques3.
La consommation de xylazine peut causer des lésions ulcéreuses graves, distinctes des lésions typiquement associées à l’utilisation de drogues injectables
Parmi les mécanismes hypothétiques, on compte des effets cytotoxiques directs et une vasoconstriction locale causant une hypoperfusion et une nécrose des tissus3,6. L’ensemble des voies d’exposition peuvent entraîner des lésions qui se manifestent à la fois au point d’injection ou à des endroits qui en sont éloignés2,3. Les soins comprennent le traitement des lésions et l’administration d’une antibiothérapie si une infection secondaire survient.
L’interruption de la consommation chronique de xylazine peut entraîner des symptômes de privation
Les symptômes de privation à la xylazine comprennent un inconfort, de l’irritabilité et une instabilité du système nerveux autonome2,6. Un traitement par agonistes opioïdes ne traite que le sevrage concomitant des opioïdes. D’autres adjuvants peuvent être nécessaires pour traiter les symptômes de privation à la xylazine (p. ex., la clonidine, les benzodiazépines ou la gabapentine)3,6. Des soins spécialisés en toxicomanie demeurent essentiels afin de remédier au trouble de toxicomanie sous-jacent.
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Footnotes
Intérêts concurrents: Emily Austin a reçu des honoraires pour des présentations prononcées lors de conférences d’urgentologie à titre de conférencière invitée portant sur des cas de toxicologie vus au service des urgences. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
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